A l’heure où le télétravail se développe, des départements ruraux cherchent à attirer des indépendants qui peuvent désormais développer une activité depuis n’importe quel endroit, même le plus reculé, à condition qu’il soit “connecté”. Dans le Gers, on met le paquet pour faciliter l’arrivée de ces néo-ruraux qui veulent changer de vie. Et pour qu’ils s’enracinent.
Le bureau de Valérie Bossé, Québécoise d’origine, est une ancienne étable qu’elle a transformée sans la défigurer. Pierres et bois ont été conservés et, pour décorer, elle a choisi des tapis de laine assez particuliers : ils sont confectionnés par une amie des Hautes-Pyrénées.
Le lieu de travail d’Anne Guillaume, native de Belgique ? On le trouve au milieu “de nulle part”, de ceux que l’on trouve “par hasard”. En réalité il est installé sur un terrain de 100 hectares entouré de vignes “avec une vue extraordinaire sur les Pyrénées”, de celles dont on ne se lasse jamais. Un bol d’air frais entre deux dossiers. Ces deux femmes ont un point commun : elles ont craqué pour le département du Gers, et ont tout plaqué pour y vivre. Mais aussi pour y travailler.
Parce que chez elles, un coup de coeur n’est pas de tête. “De nos jours, les cadres en burn out veulent tous aller élever des moutons dans le Larzac ! Seulement, il faut pouvoir tenir l’hiver… Il ne faut surtout pas tout balancer sur un ras-le-bol. Cela doit être une décision qui se prend en profondeur, un choix réfléchi avec un projet professionnel solide. Sinon, ça ne marche pas”, prévient Anne. Pour réussir son changement de vie, comme Valérie, elle a suivi un même guide. Et il n’a rien de touristique.
“Montrer que ce n’est pas seulement un endroit où passer ses vacances”
Il s’agit du dispositif Soho Solo Gers. Soho pour “small office-home office”, traduisez “petit bureau-bureau à domicile”. L’utilisation d’un anglicisme, dans ce coin d’Occitanie, s’explique par les origines de l’opération, il y a dix ans : “C’était au départ un programme européen pour l’installation de télétravailleurs, et on l’a appelé ainsi car on pensait que cela concernerait surtout un profil d’Anglais, ce qui n’a pas vraiment été le cas”, explique Audrey Fievet, chargée de développement économique, et responsable locale de Soho Solo.
En Gascogne, on a tout de même gardé le nom anglo-saxon. Et on a poursuivi l’opération qui, ailleurs, a été stoppée. Adossé à l’organisme Gers Développement, les financeurs sont du cru : ce sont les chambres consulaires et les Communautés de Communes. Le but reste le même : attirer de nouveaux actifs, fatigués des rythmes trépidants, dans un département rural qui compte moins de 200 000 habitants. En tordant le cou, en passant, à quelques clichés de dilettants.
“Il s’agit de montrer que ce n’est pas seulement un endroit où venir passer ses vacances”, précise Audrey Fievet. Bien sûr, sur le site internet dédié – et très bien référencé sur Google – les attraits du territoire sont mis en avant, avec à l’appui des chiffres parlants.
Article complet pour les abonnés
Publié le 24/09/2019 https://www.lindependant.fr